Sur les pistes cyclables de San Francisco, pilotés par Cindy
Sur les pistes cyclables de San Francisco, pilotés par Cindy

article rédigé le 30 juillet 2016, à St Cyr l'Ecole

 

Pour quitter San Francisco nous choisissions le ferry qui allait nous faire traverser la baie. Ensuite il nous resterait une quinzaine de kilomètres de pistes cyclables pour rejoindre l'aéroport d'Oakland 

Un dernier regard sur la baie de San Francisco
Un dernier regard sur la baie de San Francisco

Samedi 30 juillet 2016

 

Voici une semaine que nous sommes en France et, après décantation, nous mettons ci-dessous quelques réflexions sur notre séjour aux Etats Unis :

 

Ainsi avons-nous pédalé pendant trois mois dans l'Ouest Américain, en Arizona, Utah et Californie, soit près de 4 000 km. De ce périple il me reste une impression de grand vide. Non pas seulement à cause des régions désertiques traversées, mais plutôt de l'infrastructure américaine, de l'organisation des communes, de cet habitat très éclaté. Les habitations ont beau être assez jolies, en bois souvent peint, je ne sais pourquoi on a l'impression de débarquer chez des "pionniers"  qui viennent juste de se poser, pas vraiment installés encore - il n'y a qu'à voir le bazar qui entoure les maisons. Ceci vaut bien sûr pour les petites communes. Ce sentiment de vide vient aussi de ce que l'on ne voit quasiment personne dans les très larges rues, ni piéton ni cycliste, et bien peu dans les innombrables véhicules aux vitres teintés. Pour voir un Américain il faut entrer dans un fast food ou dans un super marché.

A vélo nous nous sommes régalés de paysages, même si parfois les no man's land nous ont paru longs. Mais c'est toujours fortifiant après coup ces interminables lignes droites dans l'aridité. Cela régénère. On en sort plus grand. Pourtant sur ces mêmes routes, souvent trop fréquentées à notre goût, nous nous sommes sentis quasiment agressés par les ENORMES véhicules bruyants qui nous arrivaient dans le dos à trop grande vitesse avec des rugissements de taureaux en rut. Nous nous sommes sentis très seuls au milieu de cette circulation, sans jamais pourtant pouvoir savourer notre solitude, à quelques exceptions près. Il est vrai que nous avons traversé des endroits très touristiques. Mais, malgré cette affluence, les contacts ont été rares. Nous en remercions d'autant plus les membres du forum de cyclovoyageurs Warmshower qui nous ont si chaleureusement accueillis et nous ont permis de partager quelques moments de la vie américaine.

Cela faisait longtemps que je voulais voir les grands sites de l'Utah. Nous en avons visité trois : Grand Canyon, Monument Valley, Brice Canyon. Le premier surtout m'a terriblement impressionnée par son ampleur. Quel dommage que ces sites grandioses aient été transformés en parcs d'attractions.

Je ne reparlerais pas des campings. J'ai assez râlé tout au long de ce blog. En France il serait tout simplement fermés pour carence d'installations sanitaires. Quant à la nourriture américaine, sa réputation n'est plus à faire.

 

De ces voyages de plusieurs mois il reste que, malgré nos coups de gueule et nos ras le bol passagers, il n'y a jamais de sentiments d'échecs. Nous en revenons toujours plus riches, notre malle aux trésors plus pleine, et l'esprit plus vaste encore pour accueillir d'autres impressions. Notre vision du monde est toujours plus élargie. Les aprioris et les craintes s'avèrent non avenus.

Coups de pédale après coups de pédale, mètre par mètre, nous atteignons nos bouts du monde au rythme lent qui nous convient.

 

Pour lire le récit de notre voyage aux USA, aller en page Ouest Etats Unis, mai-juin-juillet 2016


Pour suivre notre itinéraire cliquer ici

 

 

Article rédigé à St Céré le 27 Août 2016

 

Dimanche 24 – Samedi 30 juillet 2016 – Saint Cyr l’Ecole

Chez Michel et Jocelyne

 

 

Michel et Jocelyne vinrent nous accueillir à Orly. Les vélos remontés puis attachés sur le porte-vélos de leur voiture et à 23 h nous nous mettions à table chez eux pour un dîner entre amis. C’était vraiment comme si nous nous connaissions de longue date. Je crois bien que, jusqu’au mardi matin nous n’avons pas cessé de parler, parler de voyage, de vélo, de lectures… Nous avions tant d’intérêts communs. Leur offre de rester dans leur appartement pendant leur séjour en Bretagne fut d’emblée acceptée. Et nous apprécions vivement la bibliothèque et le canapé, les petits déjeuners sur le balcon. Ah ! Que c’était bon le confort ! Une journée à Paris pour visiter le musée du Patrimoine à Trocadéro pour reprendre contact avec l’art roman. Quelle émotion devant les tympans de Beaulieu s/ Dordogne, Carennac ou Moissac, l’Eve d’Autun , les fresques de Nohant-Vic ou Rocamadour, là, tout près des yeux. Un petit tour dans le parc du château de Versailles. Puis il fallut penser tout de même à recharger les vélos et reprendre la route.

Et ce fut la suite du voyage pour traverser la France du Nord au Sud , en faisant quelques petits crochets pour aller dire bonjour à la famille et à des amis. Ainsi avons-nous traversé toute la région parisienne pour aller du côté de Creil. Entre parenthèses nous y avions été invités  par quelques cyclos qui se reconnaîtront aisément et qui profitèrent de notre venue pour aller pédaler en Ouzbékistan…

 

Suivi les berges de la Seine, rive gauche, du Pec à Argenteuil, soi-disant aménagées pour les promeneurs et les cyclistes. Les nombreuses chicanes sont si étroites qu’un vélo avec des sacoches ne passe pas, ni un tandem bien sûr, ni une carriole avec un enfant, ni un vieillard à pied et encore moins un fauteuil roulant. La passerelle qui enjambe un canal s n’a qu’une très étroite bande roulante, de la largeur d’un pneu de vélo.

Sur les berges de l'Oise
Sur les berges de l'Oise

Plaisir des petites routes, de vallons en plateaux, et des villages aux toits de tuiles groupés autour de leur église. Champs de blé, forêts luxuriantes.

 

 

Nous notons la gentillesse des gens qui nous saluent au passage, nous souhaitent bonne route. Dans le camping, un voisin nous propose de nous dépanner si nous avons besoin de pain, de café, car il n’y a pas de commerces dans les environs. Le dimanche, peu avant Viarmes, nous étions passés devant une église toute neuve en pleins champs, Notre Dame de France. Un groupe d’Indiens sortaient visiblement de la messe. Quelques-uns d’entre eux distribuaient un repas à tout le monde. Ils vinrent vers nous avec des barquettes de riz au poulet et une bouteille d’eau. Cadeau. Nous avions eu notre pique-nique peu avant, mais ayant pour principe de ne jamais refuser quand on nous offre à manger sur la route,  nous remangions. Et c’était délicieux, cuisiné avec de la cardamome, du curry et autres épices. Sympa la France.

 

En fait le voyage ne fait que continuer. Après la Californie, la Normandie.

La Seine aux Andelys
La Seine aux Andelys

Nous notions les drapeaux dans les jardins et aux fenêtres des appartements, dans les cimetières aussi, phénomène tout à fait nouveau. Dans un supermarché une affichette indiquait « la conduite à tenir en cas d’attaque terroriste ». Il n’y a pas si longtemps nous pouvions lire « que faire en présence d’un puma ».

 

Une piste cyclable, aménagée sur le tracé d’une ancienne voie ferrée, nous mena de Le Neubourg au Bec Hellouin. Belle abbaye bénédictine, jolies maisons normandes.

Le Bec Hellouin
Le Bec Hellouin

Nous restions une semaine chez Michèle, près de Pont L’Evêque, profitant un maximum du jardin bien abrité du vent. Puis reprenions notre route dans cette Normandie qui est loin d’être toute plate.

A Mortagne au Perche nous empruntions sur cinq kilomètres la voie verte qui relie Paris au Mont Saint Michel. Un joli chemin ombragé aménagé sur une ancienne voie de chemin de fer.

Le château de Langeais
Le château de Langeais

Nous franchissions la Loire à Langeais. Superbe pont suspendu un mois exactement après le Golden Bridge.

Emprunté l’Euro Vélo 6 direction Saint Nazaire sur une trentaine de kilomètres.
La vélo route par ici est superbe. J’appréciai particulièrement de rouler sur la levée par cette belle journée d’été et faire la pause-café sur les berges de Loire dans l’un des lieux de pique-nique proposés. Ce n’était plus du voyage, c’était de la balade, les vacances. 

 

Le camping de Savigny en Véron nous retint. Ce n’était pas prévu, mais l’endroit était si calme, bien ombragé, avec de nombreuses tables proposées aux campeurs sous tente que nous décidions de nous installer et de pousser jusqu’à Candé Saint Martin et Montsoreau sans les bagages. Dans la soirée de nombreux cyclos arrivèrent, seuls, en couple ou en famille, qui se faisaient « la Loire à vélo » pendant leurs vacances. Presque autant de monde que le long du Danube. Tant mieux, ça fait autant de bagnoles de moins sur la route.

Candé, rencontre  de la Vienne et de la Loire
Candé, rencontre de la Vienne et de la Loire

Nous faisions un croquis du château de Chinon. 

Mais si nous avions un instant envisagé de séjourner à Chinon, il n’en fut plus question. Beaucoup trop de monde, trop de circulation, trop d’animation. Sur le parking sur supermarché un retraité à mobylette vint nous poser les questions rituelles, bientôt rejoint par un autre retraité qui regardait assidûment les reportages de voyages à la télévision. Après leur avoir donné quelques lambeaux de rêve pour l’après-midi, nous sortions de ville pour retrouver une petite route bien tranquille dans la verdure. Ouf ! Le silence !

 

Au camping de L’Isle Bouchard l’accueil fut chaleureux et plein de questions également. Le réceptionniste voulait tout savoir lui aussi – d’où, où, combien et encore comment et pourquoi… Il avait voyagé, été en Inde, marché jusqu’à St Jacques de Compostelle…Et quand il racontait son regard brillait de joie. Nous bavardions une bonne heure avant d’aller voir les restes du prieuré St Léonard et ses superbes chapiteaux, déjà admirés au musée du Patrimoine du Trocadéro il y a bientôt trois semaines.

Toujours autant de plaisir à pédaler sur ces petites routes, d’abord le long de la Vienne puis de la Creuse. Vu une belle frise de barbus sur le tympan de  l’église romane de Parçay.

Les barbus de Parçay
Les barbus de Parçay

Aux alentours de Confolens, les tuiles romanes nous indiquèrent que nous étions désormais dans le pays d’Oc. Nous entrions dans le Limousin. Pas cent mètres de plat sur ces petites routes à forts dénivelés par grand  beau temps chaud. 

Nous voici maintenant à St Céré pour deux ou trois jours puis nous continuerons vers Narbonne pour terminer cette traversée de la France, ce qui ne fera plus de 1000 km par les petites routes.